Reading: 4 minutesÀ l’heure où la médecine redécouvre les vertus des psychédéliques, la question de leur potentiel addictif ressurgit. Car même si l’image des « champignons magiques » évoque davantage les années 70, ou les clairières boisées que les salles d’attente médicales, la psilocybine fait aujourd’hui un retour remarqué. Et avec elle, une interrogation : cette substance est-elle aussi sûre qu’on le dit ? Peut-on, à force de vouloir se transformer, finir par s’y perdre ? Peut-on devenir dépendant à la psilocybine ? Aucune dépendance physique identifiée Une chimie différente des drogues La psilocybine agit principalement sur les récepteurs de la sérotonine, notamment le 5-HT2A. Mais, elle ne provoque pas de mécanisme dopaminergique. Ce terme scientifique désigne une réaction chimique complexe qui donne un sentiment de satisfaction immédiat au système nerveux. C’est un phénomène typique des drogues addictives comme la cocaïne ou les opiacés… Et même le tabac. En clair, elle n’active pas directement les circuits cérébraux de la récompense immédiate et du « craving », cette envie irrépressible qui caractérise l’addiction. C’est d’ailleurs ce que confirment les études cliniques les plus récentes : la psilocybine ne provoque ni tolérance rapide, ni syndrome de sevrage, deux marqueurs classiques des substances addictives. Chimiquement, les champignons magiques sont donc assez différents des drogues addictives. Un effet sur les conduites addictives C’est même le contraire qui se produit. Utilisée à des fins médicales, dans le cadre de traitements contre la dépression résistante ou l’anxiété, la psilocybine montre des vertus dans le traitement des addictions. À l’heure actuelle, des essais cliniques ont montré qu’elle était un levier de désaccoutumance efficace pour l’alcool et les jeux de hasard. Du moins, dans un cadre thérapeutique : sécurisé et guidé par un professionnel. [encartpub] Une dépendance psychologique est-elle possible ? Si l’on quitte le terrain de la biochimie pour entrer dans l’expérience vécue, le tableau devient plus nuancé. Dans l’extrême majorité des cas, l’expérience est si intense qu’on n’a pas envie de la revivre de si tôt. Elle se suffit à elle-même. Mais certaines personnes racontent aussi une attirance croissante pour les états modifiés de conscience. Non pas une obsession compulsive, mais une quête de sens, de connexion, parfois de fuite. Un besoin de revivre l’intensité, de retourner dans ces espaces où tout semble plus clair, plus vaste, plus vivant. Dans les cercles psychédéliques, on parle de « spiritual bypassing » : l’usage répétitif de la psilocybine pour éviter les confrontations émotionnelles difficiles. Il ne s’agit pas d’une addiction au sens classique. Mais une forme d’attachement. Et c’est là qu’on mesure toute la différence entre les expériences guidées et celles qui ne le sont pas. L’effet protecteur de la supervision Le voyage supervisé encourage l’intégration et le travail personnel. Il s’inscrit dans une démarche complète, avec une incitation forte à poursuivre une thérapie. La préparation, les sessions d’intégration et la présence d’un professionnel offrent un voyage profond qui apporte suffisamment de réponses. En fait, la guidance permet d’aller assez loin dans l’introspection pour créer une vraie transformation. Bien sûr, on n’arrive pas à tout résoudre avec un voyage psychédélique. Mais on a l’impression d’avoir accompli suffisamment pour ne pas y revenir tout de suite. Et comme aucune action chimique n’invite à reprendre de la psilocybine, il n’y a pas de tentation sous-jacente. Les limites de la consommation récréative En l’absence de supervision, la transformation est moins perceptible. On s’évade, mais c’est à peu près tout. Ce n’est pas une dépendance au sens strict, mais une forme d’attachement psychologique à l’expérience. Le sentiment de légèreté peut être agréable et donner l’envie de s’échapper à nouveau. Là est le risque de multiplier les voyages intérieurs comme on tournerait autour d’un mystère sans jamais oser l’affronter. Cela peut devenir stérile et limiter l’évolution intérieure. Cela peut devenir problématique si on cherche systématiquement à fuir ses émotions en utilisant des substances psychédéliques. Car il faut les travailler et les éprouver avec ses propres ressources avant de les confronter aux effets de la psilocybine. Un risque limité mais réel, selon le contexte Dans les faits, on estime que 95 % des personnes qui suivent une expérience supervisée ne feront le voyage qu’entre 1 et 4 fois durant toute leur vie. Le profil des usagers joue un rôle important. Un usage ponctuel, dans un cadre sécurisé, avec une intention claire et un accompagnement thérapeutique, réduit considérablement les risques de dérive. À l’inverse, des prises fréquentes, en contexte récréatif ou d’auto-thérapie non encadrée, peuvent créer une forme de cercle vicieux, surtout chez les personnes fragilisées psychologiquement. Les études restent formelles : aucun cas documenté de dépendance physique à la psilocybine n’a été observé, même chez des utilisateurs réguliers. Mais cela ne signifie pas que tout usage est sans risque. Comme souvent, c’est l’intention, la fréquence et l’environnement qui font la différence entre un outil de transformation et un refuge illusoire. Le rôle d’un professionnel est d’évaluer les risques qui existent, au cas par cas. Les thérapies assistées ou les retraites psychédéliques disposent d’une sélection stricte qui vient compléter un protocole déjà très sûr. Rester vigilant sans céder aux légendes urbaines Classée parmi les substances à faible potentiel addictif, la psilocybine reste l’une des molécules les plus prometteuses en santé mentale. Elle ouvre des portes, parfois de manière spectaculaire. Mais même une porte vers la lumière peut devenir une fuite si l’on y revient trop souvent, sans en comprendre le sens. Alors non, la psilocybine ne rend pas « accro » comme l’alcool ou l’héroïne. Lorsque l’on part en vacances à un endroit, que l’on adore l’expérience, et que l’on a envie d’y retourner l’année suivante, est-ce une addiction? Non, bien sûr. Mais c’est une démarche sérieuse, dans laquelle on doit s’aventurer avec humilité et conscience. Écouter l’avis des professionnels, accepter de renoncer si besoin, et comprendre que c’est le travail complémentaire qui fait tout. Elle appelle une forme de responsabilité. Celle de ne pas confondre élévation et évitement. Et de se souvenir que, souvent, le vrai voyage commence après l’expérience.
Le traitement du syndrome de stress post-traumatique
Reading: 7 minutesL’efficacité du traitement du syndrome de stress post-traumatique est reconnue. Mais encore faut-il savoir qu’on en souffre… Car c’est une maladie insidieuse, parfois difficile à déceler. Et c’est surtout un enjeu de santé mentale et de santé physique qui parasite le bien-être de milliers de personnes. Il y a différents profils : un homme qui sursaute quand une porte claque trop fort. Évitant les films violents, les soirées bruyantes ou les sujets trop lourds. Pour lui, tout va bien, il “a tourné la page”. Mais son anxiété et ses troubles du sommeil montrent le contraire. Ou alors une femme qui serre les poings sans s’en rendre compte quand elle entend un scooter passer sous sa fenêtre. Elle fait des cauchemars récurrents. Pourtant, ce qui la menaçait avant est maintenant loin. Mais son corps, lui, ne s’est jamais vraiment libéré. Un événement traumatique qui s’accroche Le syndrome de stress post-traumatique, ou SSPT, est une blessure invisible, mais pas silencieuse. C’est la conséquence d’un événement traumatisant que le système nerveux n’a pas digéré. Même après la disparition du danger, l’organisme est en état de stress aigu. Pendant des mois ou des années. Quand le passé ne passe pas Malgré le temps qui est passé, la personne continue à faire face à des souvenirs traumatiques, conscients ou inconscients. Elle peut être ramenée au choc par des situations ou des pensées. Mais elle peut aussi avoir une amnésie dissociative, un blackout, à ce sujet. Dans tous les cas, c’est la preuve que le système a été déréglé. Pour les personnes atteintes de stress post-traumatique (SSPT), le monde n’est donc jamais tout à fait sûr. Leur cerveau est resté en alerte. Un peu comme s’il n’avait jamais reçu le message que le danger était passé. Reconnaître les signes d’un choc émotionnel Un SSPT peut survenir pour des raisons très différentes : l’exemple le plus connu, c’est la guerre. Mais il y en d’autres : agression, abus sexuel, accident, accouchement, licenciement, deuil, harcèlement ou même rupture amoureuse. Les symptômes La maladie s’installe et les effets se révèlent petit à petit. Des symptômes, il y en a beaucoup : flashbacks, insomnies, cauchemars récurrents, dissociation, hypervigilance ou irritabilité. Cela peut déboucher sur des symptômes de dépression ou d’anxiété. Certains évitent tout ce qui pourrait leur rappeler l’événement : lieux, sons, conversations. Et finissent par se couper du monde, de leurs proches ou d’eux-mêmes. D’autres essaient d’apaiser leurs obsessions avec des stratégies toxiques sur le long terme : consommation d’alcool, isolement, repli. Comme toute blessure, les états de stress post-traumatique appellent des soins adaptés. Il est bien possible de guérir un choc émotionnel, mais cela prend du temps. Quelles pistes pour guérir d’un stress post-traumatique ? La bonne nouvelle, c’est donc que le système peut se réparer. Non pas en effaçant le souvenir, mais en lui redonnant sa juste place sur le long terme. Et pour cela, plusieurs approches thérapeutiques ont fait leurs preuves. On distingue 3 types de prise en charge : la thérapie, les médicaments ou, plus innovante, la prise de substance psychédéliques. Thérapies par la parole L’une des portes d’entrée les plus répandues reste la psychothérapie. Parmi les méthodes classiques, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) s’impose. Ici, il s’agit de déconstruire les associations mentales qui lient certains souvenirs à des réactions de peur ou de honte. Pas à pas, la personne apprend à reprendre le contrôle, à ne plus être le jouet d’une mémoire intrusive. Cela se fait par des exercices à répéter pour ancrer de nouveaux fonctionnements. Moins répandue, la thérapie d’exposition prolongée, consiste à affronter peu à peu ce qui déclenche l’anxiété, dans un cadre sécurisé. Le principe : éviter l’évitement. Car plus on fuit ce qui fait mal, plus on le renforce. EMDR Parmi les thérapies les plus intrigantes, l’EMDR occupe une place à part. EMDR signifie “eye movement desensitization and reprocessing“. Cette méthode a été mise au point par la psychologue américaine Francine Shapiro dans les années 1980. Elle s’appuie sur des stimulations bilatérales (mouvements des yeux, sons alternés…) pour permettre au cerveau de “digérer” le traumatisme. Ce n’est pas de l’hypnose. C’est une sorte de nettoyage cognitif. L’événement reste dans la mémoire, mais perd son pouvoir. Thérapies assistées par psychédéliques Une frontière qui s’ouvre Longtemps bannies, les substances psychédéliques refont surface dans les laboratoires et les hôpitaux. Et pas seulement comme une curiosité scientifique. Plusieurs études ont déjà démontré leur impact sur des maladies comme la dépression ou le trouble anxieux. En agissant sur le cerveau, ces molécules permettent de prendre de la distance avec les traumas. Ils sont ensuite plus malléables, plus faciles à gérer. La thérapie ou le travail de développement personnel s’en trouvent généralement accélérés. Les psychédéliques contre le SSPT Ces psychotropes étaient autrefois interdits partout. Mais face aux avancées de la science, il est maintenant possible de participer à des voyages psychédéliques encadrés. Pour cela, plusieurs structures légales existent, selon les pays. On peut ainsi citer : Elles exploitent généralement la psilocybine, issue des “champignons hallucinogènes“. Elle suscite un intérêt croissant, parce sa capacité à provoquer des états modifiés de conscience est propice à la relecture du traumatisme. D’autant qu’elle procure un sentiment de connexion ou de paix intérieure et qu’elle est naturelle. La MDMA a fait l’objet d’essais cliniques avancés pour le traitement du SSPT complexe. Lorsqu’elle est administrée dans un cadre thérapeutique contrôlé, elle semble faciliter l’accès aux souvenirs douloureux sans que ceux-ci soient écrasants. L’émotion circule, mais plus calmement. Elle est cependant moins accessible dans la légalité. Comment fonctionne la psilocybine sur les traumas ? Les champignons magiques viennent brièvement débrancher le système d’alarme. Mais ce n’est pas tout. Face à un SSPT, la psilocybine ouvre aussi l’accès à des perspectives mentales et émotionnelles qui étaient jusque-là verrouillées. Dans le cerveau La psilocybine est un agoniste des récepteurs de la sérotonine, notamment le 5-HT2A, situé dans le cortex cérébral. Ce récepteur est impliqué dans la perception, l’humeur, la conscience de soi. Sous l’effet de la psilocybine, une zone particulière du cerveau, appelée réseau du
Psilocybine : un espoir pour l’anorexie ?
Reading: 6 minutesContrairement à une idée reçue, l’anorexie mentale n’est pas une question d’alimentation. Certes, c’est un trouble alimentaire mais ses causes sont bien plus complexes qu’une simple volonté de perdre du poids. Cette maladie bouleverse profondément la vie des personnes qui en souffrent. Elle affecte autant leurs proches, souvent démunis. Derrière les chiffres et les diagnostics se cachent des vies gâchées par la dévalorisation, l’isolement et la lutte intérieure. Alors oui, les avancées médicales existent. Mais les traitements conventionnels ont du mal à offrir des solutions durables… Il faut dire que l’anorexie se lie à d’autres problèmes pour créer une toile bien difficile à dénouer : dépression, traumatisme, TOC ou abus sexuels. Quel rôle la psilocybine pourrait-elle jouer dans tout ça ? La quêtes de nouveaux traitements Pour aider le plus grand nombre de personnes anorexiques, il faut trouver de nouveaux outils. Et c’est là qu’une piste inattendue émerge : les champignons magiques. En particulier leur molécule phare : la psilocybine. Ses effets hallucinogènes et son action sur le cerveau pourraient aider à repenser la prise en charge de l’anorexie. La psilocybine peut-elle soigner l’anorexie ? Parce qu’elle est à la frontière de plusieurs troubles, l’anorexie résiste aux traitements conventionnels. Cela rend le traitement long, difficile et jalonné d’améliorations et de rechutes. C’est pourquoi on constate l’un des taux de mortalité les plus élevés parmi les maladies psychiatriques. Sans y voir de solution miracle, les champignons magiques apportent 5 espoirs : Depuis quelques années, ils suscitent donc l’intérêt de chercheurs en psychiatrie. Des études sur le lien entre psilocybine et anorexie Étude à l’université de Californie à San Diego En 2024, cette institution a mené un essai clinique novateur pour évaluer l’utilisation de la psilocybine dans le traitement de l’anorexie mentale. L’efficacité et la sécurité étaient au centre de cette petite étude exclusivement féminine. Les 10 patientes ont reçu une seule dose de 25 mg sous la supervision d’un thérapeute. En conclusion, les auteurs expliquent que “la psilocybine pourrait être utile pour soutenir un changement psychologique significatif chez certains patients“. La publication rapporte d’ailleurs des chiffres évocateurs : Résultats observés chez les participants Pourcentage de participantes Expérience classée parmi les 5 plus significatives de la vie. 90 % Diminution de l’importance de l’apparence physique. 60 % Amélioration de la qualité de vie et de la perception de soi. 70 % Réduction du trouble alimentaire à 3 mois. 40 % Voir la source en anglais Un vaste champ d’investigation Cet échantillon est encore trop limité pour tirer des conclusions médicales. Deux autres recherches sont encore en cours en ce début 2025 : Quoi qu’il en soit, les personnes mineures sont – et seront – exclues de ces recherches. L’effet des champignons hallucinogènes sur le développement est mal connu, peu étudié. Tous les essais cliniques sont strictement limités aux plus de 25 ans. Le mode d’action de la psilocybine sur l’anorexie Mais comment marche la psilocybine sur l’anorexie ? Il faut d’abord comprendre qu’elle interagit avec les récepteurs de la sérotonine. Ce célèbre neurotransmetteur est impliqué dans la régulation de l’humeur et des comportements alimentaires. Il y a plusieurs années, des chercheurs du King’s College à Londres ont montré qu’elle pouvait entraîner une reconfiguration temporaire des réseaux neuronaux. Dans un cerveau sous psilocybine, les connexions deviennent plus souples. Pendant un certain temps, il est plus facile de changer. Les pensées figées, caractéristiques des troubles obsessionnels, se relâchent. Un complément aux thérapies classiques Et c’est donc à ce moment-là que le travail personnel ou la thérapie peuvent être plus efficaces. Car oui, la psilocybine n’est qu’un tremplin dans un processus thérapeutique traditionnel. Lors d’essais cliniques sur la dépression, des patients ont décrit une prise de recul sur leurs émotions et une sensation de renaissance mentale. Appliquée aux troubles du comportement alimentaire, cela pourrait aider les malades à reconsidérer leur relation à la nourriture et à leur corps. Les traitements classiques combinent généralement plusieurs approches : Il existe parfois des traitements antidépresseurs ou antipsychotiques. Malheureusement, leurs résultats restent mitigés, certains patients y sont résistants et d’autres rechutent. Les connaissances actuelles sur ce trouble On l’a déjà dit, mais l’anorexie mentale ne se résume pas à un refus de manger. C’est une pathologie qui combine des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Des études en neuro-imagerie ont révélé que, chez les anorexiques, le circuit de la récompense fonctionnait mal. En temps normal, les humains éprouvent de la satisfaction en mangeant. Mais les patients souffrant d’un trouble du comportement alimentaire ressentent cette apaisement en contrôlant les calories de leur alimentation. Les prédispositions L’influence sociale joue aussi un rôle. L’idéalisation de la minceur et les injonctions contradictoires sur le corps renforcent le trouble… Mais contrairement à une idée reçue, ce n’est pas un manque de volonté face à la pression d’une société superficielle : il existe, en fait, une prédisposition génétique et psychologique liée à la gestion des traumatismes. La réalité des risques Bien sûr, manger équilibré et régulièrement est vital pour tous les animaux. On peut donc comprendre pourquoi les risques liés à l’anorexie doivent alerter. Outre les complications physiques – atteinte cardiaque, ostéoporose, infertilité –, le trouble s’accompagne fréquemment d’épisodes dépressifs et anxieux. Le taux de suicide parmi les personnes atteintes dépasse largement celui des autres pathologies psychiatriques. D’autant plus que la maladie touche des publics vulnérables, parfois très jeunes ou isolés. C’est pour cette raison qu’il faut trouver des traitements efficaces et peu contraignants. Quel chemin reste-t-il à parcourir ? Avant d’envisager de généraliser un traitement grâce aux truffes magiques, d’autres essais cliniques seront nécessaires. Il faudra également identifier le bon protocole car l’accompagnement est la clé pour réussir un voyage psychédélique. C’est la qualité du set-and-setting qui distingue les retraites psilocybine et les thérapies assistées des expériences sauvages sans encadrement. Si ces recherches confirment son efficacité, la psilocybine pourrait ouvrir une nouvelle voie dans la prise en charge de l’anorexie mentale et aider beaucoup de personnes à travers le monde. FAQ sur l’anorexie Images de Freepik
Psilocybine et traitement du bégaiement
Reading: 5 minutesPeut-on venir à bout du bégaiement ? Si vous avez vu le film Le Discours d’un Roi, vous savez que oui. On y voit George VI, roi d’Angleterre, se battre contre ce trouble de l’élocution. Et parvenir à le surmonter avant son accession au trône. D’ailleurs, plusieurs célébrités ont réussi cette prouesse. Bruce Willis, Joe Biden, Marilyn Monroe ou Julia Roberts ont tous souffert et guéri de leur bégaiement. Et s’il existe déjà plusieurs méthodes thérapeutiques, les champignons à psilocybine montrent aussi des résultats encourageants. Et même si on n’est pas roi !
Traiter l’alcoolisme avec la psilocybine
Reading: 6 minutesLa dépendance à l’alcool touche 280 millions de personnes dans le monde. Le phénomène est important car le sevrage alcoolique est une démarche difficile avec un risque élevé de rechute. De ce fait, la recherche sur la santé mentale s’intéresse particulièrement aux effets de la psilocybine sur l’addiction. Les champignons magiques laissent, en effet, espérer une réelle évolution dans le traitement de l’alcoolisme. Au-delà des espoirs, est-ce que la psilocybine peut soigner l’alcoolisme ? Représente-t-elle une voie thérapeutique envisageable ? L’alcoolisme, une maladie aux nombreuses répercussions Une personne alcoolique traverse une épreuve lourde et auto-destructrice pour laquelle le jugement de la société est souvent impitoyable. Les effets de l’alcoolisme peuvent être extrêmement graves pour la personne elle-même. Mais les répercussions le sont tout autant pour son entourage. On distingue ainsi plusieurs types de dangers liés à la dépendance à l’alcool : Le traitement de la maladie Le principe d’une thérapie, ce n’est pas de juger comment agissent les gens, mais de les aider à changer. Le traitement de l’alcoolisme passe par une acceptation de la maladie, une déculpabilisation et une thérapie. Se pardonner est important car les patients alcooliques se perçoivent de manière négative. Or on sait désormais que le facteur génétique explique un grand nombre d’addictions. De plus, on explique que c’est l’alcool qui modifie le cerveau pour créer la dépendance, pas la personne elle-même. La psilocybine en question Sortir de l’alcoolisme est donc un processus qui demande beaucoup de volonté car il faut que le cerveau se reconfigure. Et cela prend du temps. C’est là que la thérapie assistée par psilocybine est intéressante. D’après les études, les chercheurs observent qu’elle pourrait accélérer et consolider le sevrage. COMMENT CA MARCHE ? Un traitement de l’addiction à l’alcool ? Aujourd’hui, la prise en charge de l’addiction à l’alcool rencontre des résultats mitigés en France. Les traitements médicamenteux ont leur limite… Notamment pour le maintien de l’abstinence et le risque de rechute. Les chercheurs continuent donc leur quête de nouvelles perspectives parmi lesquelles celle des champignons à psilocybine. Les études cliniques dévoilent peu à peu l’action de cette molécule psychoactive sur le cerveau. Un exemple concret de prise de conscience Le voyage sous champignons magiques dure 4 à 6 heures et procure des sensations et des émotions fortes. Les blocages psychologiques s’atténuent durant ce laps de temps. Ils laissent place à un état de conscience modifiée : une meilleure compréhension, des idées nouvelles ou des pensées inattendues. Dans le cas d’une personne qui boit, le trip psychédélique modifie la perception de soi et du monde. Elle peut réaliser brutalement qu’elle doit arrêter de se détruire pour elle-même, pour ses enfants ou son conjoint. Elle peut aussi comprendre pourquoi elle est dépendante ou se sentir capable d’avancer vers la guérison. On vous explique comment ça fonctionne. Moins de satisfaction à boire Les champignons psychédéliques ont plusieurs effets notables sur le traitement de la consommation d’alcool. Par exemple, ils diminuent la réponse des récepteurs de dopamine D2 dans une zone du cerveau appelée noyau accumbens. En clair, cela signifie qu’après une dose de psilocybine, le plaisir lié à la consommation d’alcool baisse. Comme s’il avait moins d’intérêt. D’après les études, il devient plus facile de ne pas boire grâce à cette régulation du circuit de la récompense. Un meilleur moral pour affronter l’épreuve On sait aussi qu’elle agit sur les récepteurs 5-HT2A de la sérotonine de nos neurones. Plus simplement, la substance psychédélique est capable de modifier nos humeurs, notre motivation et nos émotions pour regonfler l’état mental. Dans un processus de réduction de la consommation d’alcool, un meilleur mental diminue le besoin de boire. Et surtout le risque de se décourager. C’est d’ailleurs le même mécanisme que pour le traitement de la dépression par psilocybine. Évoluer sans blocage Enfin, les champignons hallucinogènes provoquent une augmentation de la plasticité cérébrale. Durant les quelques semaines qui suivent la consommation, le cerveau est capable d’évoluer plus vite. Cette capacité aide au sevrage et à la mise en place de nouvelles habitudes. C’est justement pour ça que les participants qui sortent d’une retraite psychédélique démarrent souvent une thérapie (psychothérapie, EMDR, hypnose). Ils espèrent pouvoir avancer plus vite grâce aux échanges avec un thérapeute capable de les guider dans leur chemin vers le bien-être. Comment prendre de la psilocybine ? Il n’y a aucune forme d’accès légal à la psilocybine en France ou en Belgique. Deux options existent pour la prendre légalement dans le cadre d’un sevrage alcoolique : la retraite psychédélique et la thérapie contrôlée. La retraite : un séjour de relaxation peu contraignant Aux Pays-Bas, il est parfaitement réglementaire de consommer des truffes magiques qui contiennent de la psilocybine. Plusieurs sociétés, dont Tangerine Retreat, proposent des retraites psilocybine axées sur le bien-être et la relaxation. Les séjours incluent une cérémonie encadrée par des professionnels. Le but est le suivant : passer quelques jours dans un cocon pour trouver des clés d’évolution. Et pour ça, les participants peuvent profiter de voyage psychédélique, des entretiens personnels, de breathwork et des ateliers réalisés sur place. En sortant de l’expérience psychédélique, les participants peuvent entreprendre une thérapie classique. Elle permet d’intégrer les changements et de travailler dans la durée pour améliorer leur état mental. [encartpub] La thérapie assistée C’est une autre façon de procéder. On y consomme les champignons psychoactifs en solo sous la supervision d’un psychologue ou d’un psychiatre. Elle a l’avantage de cibler l’alcoolodépendance ou la dépression. Son inconvénient majeur est qu’elle est difficile d’accès. Peu de pays la proposent et les places sont limitées. Il faut se rendre en Suisse, en Australie ou dans l’Oregon pour trouver des prestations légales et de qualité. Tarif de la prise de psilocybine Une retraite psychédélique aux Pays-Bas peut sembler chère : les tarifs moyens tournent autour de 1800 euros pour un séjour de 3 jours. Mais la thérapie assistée est bien plus onéreuse, de 10 000 à 20 000 euros en Suisse ou en Australie. Est-ce que la psilocybine soigne l’alcoolisme ? En addictologie, on considère qu’un alcoolique
Psilocybine et TOC
Reading: 7 minutesLes champignons magiques s’imposent progressivement comme une piste thérapeutique pour plusieurs troubles de la santé mentale. Après des résultats impressionnants sur la dépression et l’anxiété, il est naturel que les thérapies à psilocybine suscitent aujourd’hui des espoirs pour les personnes qui souffrent de TOC. Seul problème, ce trouble est encore mal connu et mal compris. Les médecins peinent à le diagnostiquer et beaucoup de gens ignorent pendant longtemps qu’ils en souffrent. Pourtant, au moins 2% de la population mondiale en souffrirait. Faisons le point sur les perspectives qui existent aujourd’hui.
Psilocybine et dépression
Reading: 6 minutesLa dépression est une maladie qui toucherait 3,8 % de la population mondiale, dont 5% des adultes. Parmi eux, 4 % des hommes et 6 % des femmes traversent actuellement un épisode dépressif durable. Les champignons à psilocybine représentent donc un enjeu de santé mentale d’une importance capitale pour ces personnes. Car si les médicaments antidépresseurs et la psychothérapie sont efficaces pour la majorité des patients, il existe une part importante de la population qui reste coincée dans un état dépressif sans trouver de solution. D’après de nombreuses recherches, la psilocybine pourrait être l’une des nouvelles solutions contre la dépression.
Combiner psilocybine et antidépresseurs
Reading: 7 minutesD’après la World Health Organization, plus de 300 millions de personnes souffrent de dépression à travers le monde. En France, c’est 21% de la population et aux Etats Unis, 19%. Ces chiffres sont en progression permanente depuis 50 ans, car le mal n’est pas nouveau. La recherche de traitements antidépresseurs efficaces a donc toujours plus ou moins existé. Dans ce but, la science s’intéresse à l’effet des champignons magiques sur la santé mentale. On sait qu’il ne faut pas associer prise de psilocybine et antidépresseurs. Mais il existe des pistes pour contourner ce problème sans prendre de risque.
Magic Medicine à l’Imperial College London
Reading: 6 minutesDisponibilité : Netflix Production : 2018 Réalisateur : Monty Wates Durée : 79 minutes Site officiel Et si les champignons magiques étaient aussi efficaces que les antidépresseurs chimiques pour traiter la dépression chronique ? Ça n’a l’air de rien, mais dans la communauté scientifique, cette simple question a été une révolution. C’est justement cette hypothèse thérapeutique que pose le psychologue et neuroscientifique Robin Carhart-Harris dans Magic Medicine : des champignons contre la dépression. Ses expériences au sein de l’Imperial College London ont beaucoup contribué à la visibilité de la psilocybine, à la fois par les conclusions qu’il formule et par les difficultés qu’il a rencontrées. Netflix propose un film touchant qui suit ce premier essai médical sur la psilocybine. Il se veut objectif et scientifique sans faire l’apologie des champignons magiques. Des interdits tenaces Pour beaucoup de personnes, la mise en ligne de Magic Medicine a été la porte d’entrée dans le monde des psychédéliques et de leur rôle potentiel dans le traitement du trouble dépressif. D’autres documentaires traitent d’ailleurs de substances hallucinogènes comme l’Ayahuasca, le Peyotl, le LSD ou de la MDMA. 4 ans de lutte pour expérimenter la psilocybine Au-delà des expériences sur les patients souffrant de dépression, Monty Wates s’intéresse aussi à la difficulté pour le chercheur Robin Carhart-Harris d’obtenir les autorisations pour évaluer ses hypothèses. En effet, la psilocybine est un psychédélique encore interdit dans la plupart des pays du monde depuis les années 60 et 70. Pour obtenir le droit d’en prescrire à une douzaine de volontaires et d’étudier comment l’altération de l’esprit peut faire l’objet d’un usage médical dans un cadre contrôlé, Robin Carhart-Harris s’est donc confronté aux institutions britanniques pendant plus de 3 ans. Il a finalement obtenu l’autorisation de mener ses expériences. Un parti pris humain On suit 3 hommes, britanniques, entre 35 et 60 ans, qui souffrent de dépression sévère, persistante et résistante aux traitements chimiques. Leur portrait s’étend sur 3 phases, avant, pendant et après l’expérience, et met l’accent sur les effets de la psilocybine dans leur quotidien. Un vrai désespoir médical face à la dépression La première force de ce documentaire sur les psychédéliques, c’est de laisser la parole aux personnes qui souffrent et de les laisser expliquer comment la dépression a progressivement gangréné leur vie et leurs relations sociales. Comme beaucoup de gens face à la dépression, ils sont dans une impasse depuis des années. Chacun des 3 portraits est profondément émouvant et les images permettent de bien comprendre leur dénuement face à la maladie. Leur désespoir est déchirant et – quoi qu’on pense de l’expérience en elle-même – on aurait vraiment envie que ça marche, juste pour eux. C’est, pour eux, l’occasion d’exprimer quels sont les espoirs qu’ils mettent dans un éventuel traitement à la psilocybine faute d’un autre traitement curatif. L’expérience Le chercheur de l’Imperial College London a proposé à une douzaine de personnes de prendre 2 dosages différents de psilocybine au cours de 2 séances et de rester sous surveillance professionnelle, à l’hôpital, durant les 6 heures suivant l’ingestion. Le film ne dit pas comment ont été sélectionnés les patients, mais tous semblent très motivés à consommer de la psilocybine. Une cérémonie psychédélique dépourvue de mysticisme Chaque patient est entouré de 2 chercheurs qui interagissent avec lui quand les manifestations psychédéliques démarrent. Ils le rassurent en cas d’inquiétude sur leurs hallucinations et alternent entre des moments d’échange et d’autres de silence. Si l’on sent bien l’implication et l’empathie du chercheur avec les participants et leur famille, on s’interroge aussi sur le cadre de l’expérience, un peu froid : difficile de se sentir à l’aise dans une chambre d’hôpital. La décoration vaguement spirituelle et pas du tout mystique, bougie et tenture, apportée dans la pièce ne peut pas suffire à créer des conditions idéales de relaxation. En cela, un rituel chamanique ancestral pourrait avoir de meilleurs effets : la mise en condition de l’esprit par une atmosphère émotionnelle ou mystique pourrait jouer le rôle de facilitateur psychologique favorable à la prise de psilocybine. Mais ces paramètres très subjectifs ne peuvent pas entrer dans le cadre d’une première série d’expériences scientifiques rigoureuses. Un voyage qui mérite d’être encadré Magic Medicine montre que les patients réagissent à la prise de psilocybine avec une intensité variable. On voit que les thématiques qui ressurgissent lors du voyage psychédélique sont parfois lourdes et liées à des traumatismes ou des douleurs infantiles. En effet, l’ingestion du champignon hallucinogène entraîne chez ces patients une altération de la conscience qui ravive des souvenirs enfuis au niveau inconscient. Sous la supervision du professionnel, les participants se confrontent donc à une partie cachée de leur esprit. On comprend aussi qu’un encadrement est plus que nécessaire pour ramener les consommateurs vers une expérience sereine et que la prise de champignon psychédéliques ne devrait jamais se faire sans le contrôle d’un professionnel. Néanmoins, Robin Carhart-Harris et son équipe sont physiquement très proches de leur patient et interagissent beaucoup avec lui. On peut se demander si cette présence marquée n’empêche pas les participants de vraiment lâcher-prise. [encartpub] Quels effets de la psilocybine ? Difficile de ne pas être troublé par l’histoire de ce père qui arrive à passer du temps avec sa femme et ses enfants alors qu’il avait perdu toute capacité à le faire. On mesure l’ampleur de ces drames silencieux lorsqu’on voit combien une simple balade ou un repas en famille représentent des sources d’émerveillement retrouvé. L’interview des enfants sur la maladie de leur père est un moment fort du reportage, mature et émouvant. Sur les 3 patients, aucun n’est sauvé de ses symptômes après cette seule ingestion. Magic Medicine : des champignons contre la dépression ne vante pas la psilocybine comme remède miracle à la dépression. Cependant, il pose les bases d’une réflexion plus profonde : après un travail personnel pour interpréter son voyage psychédélique, l’un des patients constate une réduction durable de certains symptômes. Le père de famille a repris une vie normale pendant plusieurs mois mais les effets du champignon se sont estompés. Quant au dernier, il a